Le club de hockey Fribourg-Gottéron surf actuellement sur une vague de succès. Au classement, il se trouve dans le duo de tête et les matchs se jouent pratiquement tous à guichet fermé. Actuellement, la situation est différente pour la formation professionnelle initiale dans l’industrie tech. Il est difficile de recruter des apprentis et l’évolution démographique donne peu d’espoir quant à une rapide amélioration. C’est peut-être pour cette raison que la journée du 25 janvier 2024 a attiré beaucoup de monde. Avec 230 participants, la journée a affiché complet.
Dans son discours d’accueil, Olivier Curty, conseiller d’État, directeur de l’économie, de l’enseignement et de la formation professionnelle du canton de Fribourg, a montré à quelle vitesse le monde du travail évolue actuellement. Il n’a pas manqué non plus d’envisager un avenir où le travail flexible et les parcours de carrière hétérogènes feront partie de la normalité, la formation continue sera permanente et l’intelligence artificielle intégrée naturellement dans le processus de travail. Tout cela pose de nombreux défis aux entreprises d’apprentissage et exigera dans les années à venir une adaptation aux nouveaux environnements de travail et de vie.
Dans son exposé, Fabrice Plomb, docteur en sciences sociales et chargé de cours à l’Université de Fribourg, a parlé de ce nouveau monde fragmenté. Si par le passé, la carrière et le parcours professionnels vers le monde adulte étaient souvent linéaires, ils font aujourd’hui, et feront à l’avenir aussi, plus de zigzags. Cela permet aussi de découvrir de nouveaux champs professionnels et de redécouvrir des connaissances acquises par le passé.
Selon lui, l’industrie tech doit toujours relever de nouveaux défis. Dans un monde orienté vers la consommation, l’industrie tech est toujours moins visible pour la majorité de la population. S’ajoute à cela le fait que la technique est toujours plus perçue comme des surfaces d’écran polies, alors que des aspects tels que la production et le fonctionnement des nouvelles technologies (derrière les écrans) sont de plus en plus relégués au second plan. Pour Olivier Curty, les champs d’action possibles sont les suivants :
- Les écoliers devraient pouvoir accéder à la technique de manière interactive par le biais d’expériences et de mini-projets. D’autant plus que souvent il ne leur est pas possible à la maison de s’occuper de manière approfondie et créative de la technologie.
- Les professions ne devraient pas simplement être expliquées comme des unités d’information. Il faut les rendre palpables et les présenter de manière personnelle et d’égal à égal - de préférence par des apprentis - afin que les écoliers puissent s’identifier avec les personnes.
- Le transfert de connaissances dans le cadre de la promotion de la technique et au niveau des apprentissages ne devrait pas avoir lieu seulement selon la méthode du haut vers le bas, par laquelle les personnes adultes transmettent leur savoir et leur expérience aux jeunes. Il est plus important d’avoir un échange actif avec les jeunes. Dans ce contexte, les apprentis contribuent également au développement des connaissances ou prennent même dans certain cas le lead.
- Dans le sens d’un apprentissage approfondi, il faudrait redécouvrir et assimiler la technique. Cela signifie que la perspective passe de l’optique purement d’application et de consommation à un niveau plus fondamental, dans lequel la technique est généralement considérée comme un moyen de résoudre les problèmes. La parole est aux jeunes.
Lors de la table ronde qui a suivi, l’idée que les jeunes sont moins motivés et engagés que les générations précédentes a été réfutée. Les déclarations de quatre apprentis ont clairement montré que la formation professionnelle aura toujours des qualités à l’avenir. Comparée aux parcours purement scolaires, elle leur permet d’être indépendants plus rapidement, de prendre les choses en main et de créer de nouvelles choses, d’entretenir des échanges précieux avec les clients et les autres collaborateurs - sans être privés d’autres voies de formation.
Comme ils l’ont expliqué dans leurs déclarations, leur parcours personnel leur a régulièrement demandé de la capacité de s’imposer. Selon eux, pour trouver leur voie personnelle, il était important de ne pas trop se laisser influencer par les conseils des parents, par les résultats de tests d’aptitude ou les enseignants.
Concernant l’expérience d’apprentissage et la motivation en cours d’apprentissage, ils ont souligné l’importance des formateurs. Si le « courant passe » entre les générations, ces derniers peuvent prendre un rôle de « super héros », ce qui ouvre des perspectives complètement nouvelles pour les jeunes et leur permet de découvrir leur potentiel individuel.
Les discussions menées lors de cette table ronde, qui a réuni des représentants de l’orientation professionnelle ainsi que d’associations et d’entreprises d’apprentissage, ont montré à quel point le parcours de la découverte des intérêts et de son identité jusqu’au choix d’un champ professionnel est complexe. L’échange entre les écoles, les orientations professionnelles et les entreprises offre encore un certain potentiel. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier qu’une coopération accrue entre les différents acteurs ne devrait pas seulement se limiter à l’information, mais aussi permettre de réelles expériences. De plus, il convient d’accorder plus d’attention au fait que les femmes envisagent de plus en plus aussi les professions techniques et que les stéréotypes liés aux choix de carrière sont brisés.
Dans son exposé, Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem, s’est penché sur les points discutés et a évoqué, entre autres, l’importance sociale de la formation professionnelle. Il faut que les parents et les milieux culturels, qui ne connaissent pas notre système de formation, soient conscients de sa valeur, a déclaré Stefan Brupbacher. Il est aussi important d’aborder l’avenir de manière positive. Comme l’ont montré les études historiques sur le développement économique à long terme, la culture détermine en grande partie les voies de développement. La stagnation économique reflète une attitude critique à l’égard de l’innovation et un scepticisme prédominant. C’est justement pourquoi il est judicieux de miser sur la jeunesse et de s’engager en sa faveur.
Cette année, les ateliers interactifs ont été consacrés aux initiatives d’encouragement de la relève « Fascination Technique » et « 6h de Fribourg ». Afin de consolider l’initiative « Fascination Technique », les deux associations Swissmechanic et Swissmem ont fondé une association de parrainage la même semaine. Il est prévu de transformer dans les années à venir l’initiative en une plateforme diversifiée pour le marketing professionnel dans l’industrie tech. L’atelier a été consacré aux premières étapes de mise en œuvre dans les canaux numériques et aux possibilités de coopération (PPT atelier).
Le programme « 6h de Fribourg » a, quant à lui, montré comment les jeunes peuvent développer de nouvelles compétences en équipe et comment les encourager à donner le meilleur d’eux-mêmes. Avec une voiture à hydrogène, une équipe fribourgeoise a obtenu la 6e place aux championnats du monde. L’initiative montre de manière impressionnante comment il est possible, à l’aide de la coopération entre l’économie (en l’occurrence la Chambre de commerce et d’industrie de Fribourg) et la formation (École des métiers Fribourg), d’encourager le développement des jeunes.
Dans son exposé, Thomas Schumacher, directeur Swissmem Formation professionnelle, a abordé les nouveaux développements de l’encouragement de la relève, qui couvre tous les niveaux, de l’école primaire à la phase après l’apprentissage. Il s’agit de :
- MINT-Vaud : nouveau salon interactif pour écoliers âgés de 8 à 12 ans. Le programme vise à sensibiliser les écoliers au monde de la technique et leur offre la possibilité de découvrir les métiers de manière pratique.
Date : du 26 février au 3 mars 2024
Pour de plus amples informations :
www.mint-vaud.ch
- Leçons techniques : outils didactique pour les leçons techniques du niveau primaire.
Pour de plus amples informations : www.explore-it.org - Marketing des métiers : en créant l’association « Fascination Technique », Swissmem et Swissmechanic ont réaffirmé leur engagement commun et posé les jalons pour de nouvelles actions de marketing.
Pour de plus amples informations : www.faszination-technik.ch - Révision professionnelle Futuremem : la révision des métiers techniques dans l’industrie tech représente actuellement le plus grand projet de ce genre au niveau de la formation professionnelle initiale en Suisse.
Pour de plus amples informations : www.futuremem.swiss - movMEM : ce projet permet aux apprentis et aux apprentis diplômés de faire leurs premières expériences pratiques dans une langue étrangère durant leur apprentissage ou à la fin. Que ce soit avec movMEM national en Suisse ou à l’étranger avec movMEM international.
Pour de plus amples informations : www.swissmem-berufsbildung.ch/movmem
À la fin de la journée, Julien Sprunger a donné un aperçu de sa grande carrière, du jeune talent ambitieux qu’il était au leader d’équipe. Le capitaine de Fribourg-Gottéron a exposé de manière impressionnante comment il a été encouragé en tant qu’adolescent et comment il a réussi à combiner sa passion pour le hockey avec un apprentissage. Pour lui, les défis auxquels les équipes sont confrontées dans le monde du sport ressemblent à ceux que l’on rencontre dans l’économie. Par conséquent, il peut imaginer un échange plus intense avec les entreprises à l’avenir. Pour l’instant, il s’agit de gagner les matchs et de viser le championnat.
Finalement, Olivier Habegger, responsable Swissmem Formation professionnelle en Suisse romande, a réceptionné le puck de Julien Sprunger qu’il a ensuite joué aux visiteurs en faisant référence à la prochaine Journée Swissmem. À noter dans l’agenda :
- Journée Swissmem 2025 : 24 janvier 2025 à Neuchâtel