Swissmem Formation professionnelle Actualités « Il est important pour les apprentis de comprendre le sens de leur apprentissage »
Interlocuteur  Swissmem Berufsbildung Swissmem Berufsbildung
+41 52 260 55 00 +41 52 260 55 00 berufsbildungnoSpam@swissmem.ch
Partager

« Il est important pour les apprentis de comprendre le sens de leur apprentissage »

En tant que professeur de pédagogie professionnelle, Manfred Pfiffner s’investit dans le thème des futures structures didactiques d’enseignement et d’apprentissage. Le fait de s’orienter vers les compétences opérationnelles améliore la complexité dans l’enseignement. En même temps, ceci confère aux apprentis davantage de liberté dans la structure de leur apprentissage. L’expérience de longue date de Manfred Pfiffner dans le domaine des processus de mise en œuvre scolaire le montre : il n’est pas possible de changer la structure d’enseignement et d’apprentissage du jour au lendemain. L’introduction demande beaucoup de patience, mais aussi du courage.

Monsieur Pfiffner, comme vous l’avez expliqué dans votre exposé, nous constatons actuellement un cumul de tendances didactiques concernant les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. De plus, l’apprentissage se développe différemment selon les pays. Le monde de l’apprentissage est-il à la dérive ?

Il semble que c’est en effet le cas. Nous constatons effectivement des approches très différentes de l’enseignement et de l’apprentissage. Dans les pays asiatiques, par exemple, les exigences pour les apprentis sont souvent plus élevées tandis qu’il est accordé moins d’importance à la pensée critique et réfléchie. Ceci ne favorise guère l’innovation. En Suisse, l’importance des compétences d’avenir telles que la pensée critique et la résolution de problèmes, la coopération, la communication et la créativité ne cesse d’augmenter. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que certaines formes d’enseignement et d’apprentissage traditionnelles, comme la transmission classique des compétences techniques, ont toujours leur raison d’être. Nous ne constatons donc pas forcément un changement unilatéral, mais une augmentation de la complexité.

De nombreuses entreprises industrielles occupent des collaborateurs de différents pays et de différentes cultures. Pour les entreprises, que signifie cette évolution ?

Il faut dans un premier temps prendre conscience des différentes cultures d’enseignement et d’apprentissage. Quelle est la structure des entreprises ? Mettent-elles davantage l’accent sur l’ordre, les règles et les processus précis ou préfèrent-elles l’innovation et l’application rapide de visions d’avenir ? Ce sont là quelques-unes des questions qu’il convient de clarifier. Dans un deuxième temps, il s’agit de déterminer les éléments sur lesquels un rapprochement est désiré et lesquels doivent rester indépendants. Le processus de rapprochement ressemble à un partenariat. Dans ce contexte, il est également utile de partager des points de vue fondamentaux tout en accordant certaines libertés.

Dans une entreprise, les innovations naissent à tous les niveaux, de la formation professionnelle à la recherche fondamentale. Les personnes avec des profils de formation différents ont souvent une approche différente du savoir et connaissent des formes d’apprentissage différentes. Que cela signifie-t-il pour la collaboration ?

Il faut de la flexibilité de toutes parts. J’ai l’impression que beaucoup de choses sont en mouvement actuellement. Je le constate à l’exemple d’une université autrichienne que j’accompagne actuellement et qui souhaite orienter ses structures d’enseignement et d’apprentissage vers la compétence opérationnelle dans différentes filières de master. Mais bien des choses se passent également dans les entreprises. De nombreux formateurs professionnels et enseignants des écoles professionnelles sont entrés dans la vie professionnelle après avoir connu une culture d’enseignement et d’apprentissage différente de celle qui est demandée aujourd’hui. Ils doivent donc évoluer et s’adapter à de nouvelles formes. Même si beaucoup de flexibilité est requise, il faut aussi être conscient que ces changements prennent beaucoup de temps. J’ai fait l’expérience que dans le cadre de grands projets de réforme de la formation professionnelle, il faut souvent dix ans ou plus pour que les nouvelles structures d’enseignement et d’apprentissage se mettent en place aux différents niveaux. Tout cela demande de la patience et de la persévérance ainsi que le courage de vouloir changer.

À l’avenir, les jeunes devront assumer une plus grande responsabilité pour réussir leur apprentissage. Les apprentis ne risquent-ils pas d’être dépassés par les nouvelles libertés ?

L’environnement technologique évolue rapidement. Les formes et les outils d’apprentissage se transforment également. Il est essentiel de ne pas considérer l’apprentissage uniquement sur la structure superficielle. Il est important pour les apprentis de comprendre le sens de leur apprentissage. Ainsi, ils restent motivés et arrivent donc mieux à gérer la complexité. Les apprentis doivent pouvoir planifier leurs objectifs et leurs progrès de manière réaliste. C’est à ce moment-là qu’intervient l’encadrement des formateurs, afinqu’ils ne soient pas débordés.

Le formateur prend donc toujours plus le rôle d’un coach qui s’adapte aux différentes personnalités ?

En principe, oui. Mais je n’aime pas trop le terme de coach dans ce contexte. Il donne l’impression qu’il s’agit en premier lieu d’un accompagnement psychologique. Je considère que les formateurs professionnels ont plutôt le rôle d’accompagnateurs d’apprentissage, qui encouragent et challengent les apprentis. Au niveau professionnel, il s’agit aussi d’instruire et de contrôler la qualité. De plus, il est important d’observer la manière dont les apprentis abordent les défis réels et s’organisent eux-mêmes. Les formateurs professionnels doivent donc laisser une certaine liberté aux apprentis, mais aussi les accompagner activement dans leur parcours d’apprentissage, selon la situation.

Portrait

Le professeur Dr. phil. habil. Manfred Pfiffner occupe une chaire de pédagogie professionnelle à la Haute école pédagogique de Zurich et dispose d’une longue expérience dans l’enseignement et le conseil pratique dans les écoles professionnelles. En collaboration avec Saskia Sterel, Dr en philosophie, il a développé le modèle 4K : une filière d’études dans laquelle les futurs enseignants des « connaissances professionnelles » et des « connaissances de culture générale » suivent la même formation. Les thèmes actuels de recherche et de développement aux écoles professionnelles sont par exemple « Esprit d’entrepreneur et d’engagement » ainsi que la révision partielle du plan d’études cadre pour l’enseignement de la culture générale.

Ces articles peuvent vous intéresser

Cet article vaut-il la peine d'ĂŞtre lu?

Dernière mise à jour: 10.06.2022